Pourquoi évaluer les aires protégées ?

L’évaluation des aires protégées (AP) est un processus qui analyse étape par étape la gestion courante de l’AP afin de mettre en évidence d’éventuels points de blocages dans le processus de gestion et afin de souligner les pratiques fonctionnelles et efficaces qui doivent être poursuivies dans le future.

In fine, ces évaluations permettent de prioriser les actions à entreprendre de façon a améliorer la gestion de l’AP sur le court/moyen terme, en déterminant les solutions appropriées pour résoudre les problèmes identifiés au cours de l’Évaluation.

Il faut entendre « évaluation de l’efficacité » comme un moyen de :

  1. Mesurer la performance d’une aire protégée et de sa périphérie (ou d’un système d’aires protégées) par rapport à sa raison d’être. La performance de l’aire protégée (ou du système d’aires protégées) s’intéresse à ses résultats et impacts, qui incluent ses fonctions classiques de conservation, d’éducation environnementale, de récréation etc., mais également ses fonctions culturelles, sociales ou économiques.
  2. Prendre des décisions adaptées et évolutives relatives à cette performance et faire évoluer le contexte de l’aire protégée. Le contexte est le cadre d’exécution de la gestion de l’aire protégée (ou du système). Il n’est pas figé et doit évoluer au fur et à mesure de l’avancée des connaissances et de l’évolution des vocations qu’on reconnaît aux aires protégées.
  3. Améliorer ainsi l’atteinte des objectifs. Les objectifs sont ceux identifiés dans les processus de désignation de l’aire protégée, de planification, etc. et dépendent des moyens et intrants dont bénéficie le territoire. Mais au-delà, ils regroupent des fonctions (développement social, économique, culturel, récréation, éducation, etc.), qui ne sont pas forcément prises en compte par les gestionnaires.
  4. Être en mesure de rendre des comptes à tous les partenaires de la gestion des aires protégées (y compris locaux). L’évaluation permet la mesure des bénéfices (ou des coûts) issus de la gestion de l’aire protégée et sa comparaison aux efforts entrepris pour cela (par le gestionnaire, par les donateurs, par les populations…). Cette mesure est aussi la base de l’identification des moyens additionnels utiles.

Types d’outils d’évaluation utilisés

De nombreux acteurs du monde de la conservation, comme le WWF, TNC ou le Centre du Patrimoine Mondial de l’UNESCO ont développé des méthodes d’évaluation. Elles sont nombreuses (plus d’une quarantaine) mais ont un socle commun : le cadre développé par la Commission Mondiale des Aires Protégées (CMAP ou WCPA en anglais) de l’UICN.

Pour en savoir plus téléchargez le guide des bonnes pratiques de l’UICN sur l’évaluation de l’efficacité de gestion.

METT, EoH et RAPPAM

Le choix d’un outil spécifique dépend de l’échelle à laquelle le gestionnaire d’AP(s) désire travailler et dépend du niveau de précision qu’il attend des résultats de l’Évaluation. Il existe plus de 40 différents types d’outils d’évaluation dans le monde, et le Papaco a principalement travaillé sur l’application de 3 d’entre eux :

Évaluations à l’échelle d’un site (AP) :

  • Management Effectiveness Tracking Tool (METT) a été largement utilisé dans la mesure où c’est un outil rapide et facilement replicable pour les gestionnaires d’AP a l’échelle d’un site.
  • Enhance our Heritage Toolkit (EOH) est plus détaillé (donc un peu plus complexe à mettre en œuvre) et a été principalement utilise pour l’évaluation des sites du patrimoine mondial, a l’échelle du site.

Évaluations à l’échelle d’un réseau d’AP (national, régional ou transfrontière) :

  • Rapid Assessment and Prioritization of Protected Areas (RAPPAM) est un outil rapide et simple dédié à évaluer le fonctionnement d’un réseau d’AP et de les comparer les unes aux autres.

Processus participatif et volontaire

Conduite par une équipe de quelques évaluateurs, chaque évaluation repose sur les échanges avec toutes les parties prenantes dans et autour de l’aire protégée, et est effectuée en étroite collaboration avec les gestionnaires en place. Il s’agit d’une approche résolument participative.

Les demandes d’évaluation relèvent d’une démarche volontaire. Le processus proposé n’est assorti d’aucune contrainte ou condition, sinon celle de rendre publics et accessibles tous les résultats.

Les recommandations de ces évaluations ont par exemple été utilisées par certains pays pour établir leur priorité dans le cadre des projets Medium Size du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) pour la mise en œuvre du programme de travail sur les aires protégées de la convention sur la diversité biologique.