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Réponses à vos questions reçues dans le chat

Question de Benjamin Wilondja :

Juste une contribution : j’ai travaillé dans plusieurs aires protégées : Parc national, Reserve de faune, naturelle et domaine de chasse. Le problème entre communauté et les gestionnaires existe et je ne crois pas que cela trouvera une solution durable seulement, comme l’a si bien dit le formateur, juste une bonne collaboration entre les gestionnaires et les communautés locale et ses leaders.

Réponse – Comme plusieurs fois évoque dans le webinaire, il n’y a en effet pas de recette pour définir une bonne gouvernance entre les gestionnaires d’un parc et les autres « utilisateurs » qui peuvent être des communautés, des privés, des groupes divers ayant des intérêts divergents. Il faut a minima mettre en place un cadre de concertation pour que les attentes de chacun puissent être présentées et discutées. Ensuite, si elles ont une solution acceptable dans le cadre de la conservation de l’AP, on les met en place. Si elles ne sont pas compatibles avec la conservation de l’AP, on l’explique et on essaie de trouver d’autres voie de répondre à ces attentes sans mettre en péril l’AP. Parfois, c’est juste impossible et il faudra bien accepter qu’il y aura un groupe « frustré » mais c’est mieux de le connaître et de savoir pourquoi la situation est telle.

Question de Nkodia, Congo Brazza :

Bonjour moi c’est Divin Nkodia depuis le Congo Brazzaville. Dans le projet où je travaillais, nous avons eu le même problème de conflit homme-éléphant. Un autre problème fut l’exploitation de bois alors que le projet vise à être une réserve ou un parc. Comment combattre cela ?

Réponse – Là également et comme largement discuté pendant le webinaire, c’est l’équilibre entre développement et conservation qui est au cœur du sujet. Comment à la fois conserver la ressource naturelle (comme le bois), éviter que la réserve ne soit un problème pour certains habitants (les éléphants) tout en favorisant le progrès social de tous ceux qui sont liés à ce territoire. Difficile équation. Comme l’a dit Paul Ndiaye : « quand le parc marche mal et qu’il n’y a pas de ressource, on le critique pour ses mauvais résultats et quand il marche bien et qu’il y a des ressources, on les revendique ! ». Dans les deux cas, il faut là aussi pouvoir créer un espace de discussion pour désamorcer les conflits si c’est possible, et quand ce n’est pas possible (les éléphants sont un bon exemple), il faut mettre en place des mesures pour vivre avec le problème (par exemple des indemnisations des paysans affectés). Faire comme si le problème n’existait pas n’est jamais la bonne démarche !

Question de BOINA :

Bonjour à toutes et à tous. Les oiseaux ou les criquets qui détruisent des récoltes en Afrique de l’Ouest où je suis. Ils viennent des aires protégées d’ailleurs dans le monde ? Sont-elles des espèces introduites dans des milieux ou elles ne sont pas originaires ce qui a permis leur croissance rapide voir leur statut invasif ? Ou bien il y a d’autres explications scientifiques à ces espèces dévastatrices de récoltes?

Réponse – Non, ces espèces sont naturelles dans l’écosystème sahélien et d’une année à l’autre il y a des invasions plus ou moins importantes (essentiellement liées à la pluviométrie). Ces espèces font partie du cycle de vie de ces territoires mais elles posent des problèmes aux cultures c’est vrai. Beaucoup de programmes sont développés pour les contrôler. Mais assurément, ce ne sont pas des espèces envahissantes et elles ne viennent pas d’autres aires protégées du monde !

Question de KANTIZA Antoine :

Les Aires Protégées transfrontalières devraient être soumises à une même base de droit : une même réglementation régionale ou même continentale pour être viables à long terme à l’instar de la protection similaire des ressources : la faune en Afrique de l’Est quelle que soit la nature du droit de propriété: individuelle, nationale ou même de prolongement régionale.

Réponse – Très souvent c’est le cas si les AP transfrontalières sont dans des pays de même « type » de droit. Ce qui varie, ce n’est pas vraiment la source légale, mais plutôt comment elle est mise en œuvre dans chaque pays. Ainsi, avec le même code forestier, d’un pays à l’autre, l’application des lois ne sera pas la même et finalement on aura l’impression que chaque pays a une législation différente. Ce qui compte, ce n’est pas tant d’avoir les mêmes lois, mais plutôt que les AP transfrontalières se parlent et se coordonnent pour appliquer ces lois de la même façon. Les outils législatifs sont rarement un frein à la gestion des AP, c’est plutôt leur mauvais usage, qui est particulièrement révélé dans les AP transfrontalières car alors les gestionnaires sont obligés de se comparer à leurs voisins !

Question de Mouhamadou KONE :

Est-ce-que l’ouverture de la chasse à un moment donné pourrait réduire les conflits entre population et gestionnaires des parcs ?

Réponse – Dans une AP de catégorie VI, où la chasse durable serait organisée pour prélever une partie de la faune tout en préservant l’équilibre à long terme de la biodiversité, on peut concevoir que le prélèvement cynégétique pourrait contribuer à atténuer certains conflits. Bien sûr, si l’espèce prélevée est celle à l’origine du conflit ! Mais cela repose sur une excellente gouvernance de l’activité de chasse, ce qui est rarement le cas. En tout cas, ce n’est pas théoriquement incompatible avec le statut d’AP.

Question de Nodjikouambaye Mathurin :

Quelles sont les méthodes d’évaluation des aires protégées pour le compte des gestionnaires ?

Réponse – Il existe des méthodes visant les réseaux d’AP et des méthodes ciblant chaque AP en particulier, plus ou moins détaillées. Elles sont présentées au début du MOOC GAP. A noter qu’elles permettent de mesurer la qualité de la gestion d’une AP et de pouvoir ensuite la comparer aux standards de la Liste Verte. Pour al gouvernance, c’est plus compliqué mais il existe des « méthodes » pour diriger l’évaluation des sites.

Q – De Romain Violleau :

Bonjour, comment ça se passe si un gouvernement souhaite « réguler » une population animale sans raison valable ? Ce gouvernement a t’il le droit d’étendre cette régulation aux animaux présents dans des réserves privées ? Merci d’avance.

Réponse – Il y a toujours une raison « valable » de réguler une population comme tu dis, mais ce qui est valable pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre ! Dans tous les cas, ce qui se passe à l’intérieur des frontières d’un pays est du ressort de ce pays donc si un pays décide de tuer tous les animaux ou végétaux d’une espèce sur son territoire, il peut le faire. Peut-il le faire dans un terrain privé, cela dépend du droit national. Par exemple, la faune au Kenya appartient à l’Etat, où qu’elle soit, donc en théorie, l’Etat peut prélever un animal dans une propriété privée sans problème. Ailleurs, où le droit foncier prime, la faune d’une propriété privée appartient au propriétaire et donc l’Etat ne pourrait s’en emparer, sauf à invoquer des motifs sanitaires impérieux bien sûr comme l’existence d’une zoonose. Ce serait encore différent en Afrique de l’Ouest où le terrain en général appartient à l’Etat et donc il n’y a que très rarement de « vraies » réserves privées.

Question de Christiane ZEBAZE (FODER) :

Des exemples de compromis territoriaux qui ont eu du succès et peuvent servir de cas d’école? Quelles approches pour y arriver ?

Réponse – Il y a pas mal de réussites dans les discussions partagées sur la gestion des AP, partout dans le monde. Pour trouver de bons exemples, on peut s’intéresser à certaines réserves de biosphère où de vrais comités de gestion concertée existent (ce n’est pas le cas dans toutes les MAB), s’intéresser au modèle des parcs naturels régionaux en France où les élus et les gestionnaires travaillent ensemble, ou encore aller regarder certains « réserves communautaires » où les communautés ont effectivement la responsabilité du territoire. Il faut cependant aller au-delà des « belles histoires » qui résistent en général mal à une analyse poussée ! Il y a des exemples sur le site panorama : https://panorama.solutions

Mais aussi sur papaco.org où nous avons publié des études sur les divers modes de gouvernance avec des exemples réussis.

Question de Hp :

J’aimerais avoir la différence entre une aire protégée et une forêt classée.

Réponse : Cela est bien exposé au début du MOOC GAP : une aire protégée est un territoire où l’on fait de la conservation de la nature. Si ta forêt classée fait cela, c’est une AP. Si elle est juste là pour produire du bois pour faire de la construction ou du charbon, ce n’est pas une AP. Il faut regarder l’objectif du territoire et non pas son appellation !

Question de RAMANANTSOA Manda Andrianiaina :

Bonjour, je viens de Madagascar et en ce moment mon pays rencontre une extinction massive des aires protège. J’aimerais savoir si vous avez le pouvoir d’intervenir, même pour conserver les espèces restant. Merci

Réponse – Les AP de Madagascar sont sous pression certes mais je ne crois pas qu’elles disparaissent massivement ? Dans tous les cas, il y a de nombreux organismes de conservation à Mada (CI, WCS, WWF etc.) qui interviennent et qu’il faut contacter si besoin. L’UICN y travaille sur la Liste Verte avec Madagascar National Parks, en espérant que cela aidera !

Question :

Ma question concerne le cahier de charge entre la communauté et les gestionnaires des aires protégées, notamment le gouvernement. Il se pose un sérieux problème de respect du cahier des charges au niveau de l’exécution. Ma question est de savoir : 1. Qui est à la base du non respect de cahier de charge ? 2. Comment on peut procéder pour arriver à faire respecter ce cahier de charge ? 

Réponse – En général, lorsque l’Etat décide de déléguer la gestion d’un territoire à un partenaire (privé ou communauté), cette délégation s’accompagne d’un cahier des charges défini par l’Etat (ce qui implique que la gouvernance reste étatique !). Par conséquent, l’Etat conservant la responsabilité sur le territoire, c’est lui qui est aussi responsable de faire appliquer le cahier des charges et de le contrôler. En général on accuse les populations de ne pas le respecter (ce qui est souvent vrai) mais i) elles ne connaissent pas forcément son contenu, ii) elles sont d’autres intérêts et iii) si personne ne contrôle, pourquoi respecter les règles ? Donc en conclusion, si l’Etat défini un cahier des charges, il doit s’assurer qu’il aura les moyens de le faire appliquer sinon c’est du temps perdu qui crée des situations ingérables ensuite (corruption).

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